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#49 - À propos de la taille des textes numériques

Difficultés avec l'affichage du lecteur ? Écoutez l'épisode 49 sur SoundCloud.

Transcription écrite du podcast :

Salut tout le monde et bienvenue pour ce 49e podcast !


Avant d'aller plus loin, j'aimerai vous prévenir que le format des podcasts va un peu changer. Je vais vous proposer des épisodes plus courts, d'une durée tournant autour d'une dizaine de minutes, plutôt qu'entre quinze et vingt, pour les épisodes précédents.

En effet, ma situation de travail a changé, je dois faire face à de plus nombreuses sollicitations professionnelles, ce qui me laisse un peu moins de temps pour la préparation et l'enregistrement de ces épisodes.


La bonne nouvelle, c'est que de ces multiples expériences professionnelles qui se profilent, je devrais pouvoir tirer d'autres sujets à partager, toujours en respectant les besoins de confidentialité de mes collaborateurs, mes collaboratrices, mes clients et mes clientes, bien entendus.


Dans l’épisode précédent, nous parlions de la lisibilité des textes présentés à l’écran, en parlant de pas mal de paramètres : dispositions, taille des phrases, contrastes...

Mais en passant sous silence une caractéristique essentielle :

Quelle taille devrait faire le texte ?

Les standards évoluent sur cette question...


Avec les éditeurs de textes type Microsoft Office, Libre Office ou Open Office, il y a la taille 12 qui est proposée par défaut.

Taille 12, oui, mais de quelle unité ?


Il y a traditionnellement deux unités :

Le pixel, qui renseigne… sur le nombre de pixels utilisé en hauteur pour créer le cadre contenant les caractères de la police utilisée.

Une taille de 12 pixels ne semblera pas toujours s’afficher aussi gros selon le type de police utilisé, car les caractères n’occupent pas tous, de la même façon, l’espace de ce contenant.

Une taille de 12 points, c’est différent. Pour être plus précis, on parle de point DTP ( DeskTop Publishing point ) car il existe en fait beaucoup de points renvoyant à des tailles différentes.

Le point DTP, c’est une unité qui dépend de la définition de la résolution et de la taille de l'écran. Un point, c’est 1/72e d’un pouce international. Système métrique, au secours !


Si vous avez un écran avec une très fine résolution, un texte écrit en 12 pixels va être très petit. À l’inverse, si vous avez un grand écran avec une faible résolution, le même texte écrit en taille 12 pixels va être comparativement plus gros.


Un texte écrit en point est supposé faire toujours la même taille, sauf qu’il existe des tailles d’écran différentes pour des résolutions similaires.

On considère non pas seulement la résolution, mais le PPI. Le nombre de pixels affichable par pouce.


Dans des outils de prototypage, il faut être vigilant à l’unité de mesure utilisée pour définir la taille du texte.

Par exemple, sur Axure, les gros malins de designer ne précisent pas l’unité, on ne sait pas s’il s’agit de points ou de pixels. Sur Axure, la taille de texte renvoie à des pixels. Sur Libre office, la taille renvoie à des points.


Bon, c’est à la fois assez simple pour les experts, expertes et un peu nébuleux pour les néophytes. J’ai beau être dans le UX Design, je ne suis pas toujours très à l’aise à discuter résolution et taille de texte avec des collaborateurs et des collaboratrices… et pas seulement pour des questions d’unités.


Je vais expliquer la raison de ce malaise...


Les recommandations d’affichage évoluent progressivement avec le temps.

On démarrait avec une taille de 12 points.

Puis ça a monté doucement… Sur quels critères ? Peut-être est-ce en rapport avec le vieillissement de la population, les générations de travailleurs et travailleuses habitués à travailler sur écran ont leurs yeux qui fatiguent et représentent une part d’usagers de l’informatique de plus en plus importante… Donc, on part de 12 points pour monter doucement vers… du 13 points, 14… Qui dit mieux ? 15 ici, 16 là…


Je vous partage mon étude préférée à ce sujet.

C’est un article datant de 2016 intitulé « Make It Big ! The Effect of Font Size and Line Spacing on Online Readability », coécrit par Luz Rello, Martin Pielot et Mari-Carmen Marcos.

Ils et elle ont testé le confort de lecture d’internautes à l’écran, en présentant de multiples configurations d’affichage basés sur la taille de texte et l’interligne.

L’interligne joue peu, mais la taille, oui.

Alors, ce n’est pas une relation linéaire entre confort et taille. Au-delà d’une certaine grandeur de texte, l’inconfort arrive.

Je cite un passage de la conclusion : jusqu’à une taille de 18 points, la lisibilité et la compréhension du texte augmentent continuellement.

Au-delà de 22 points, le confort décroit.

Le texte n’est pas très clair sur le gain de confort de lecture entre la taille 18 et la taille 22, il laisse entendre que le confort continue d’augmenter un peu ou stagne doucement. Mais jusqu’à 22 points, le confort monte, au-delà il commence à baisser.


22 points. Sur une résolution standard d’écran de 1920 pixels par 1080 et une diagonale de 23,8 pouces, ça me donne un pixel par pouce de 93.

Vous pouvez vérifier votre PPI ( on parle abusivement de dpi alors que le terme devrait être réservé à l’impression sur papier ) en utilisant des sites comme dpi love. Soyez vigilant et vigilante avec la valeur écrite par défaut sur la page principale du site, vous avez besoin de mesurer et de renseigner la taille exacte de votre écran pour que la valeur indiquée soit juste.

Avec ça, je peux transformer la taille en pixels, comme recommandée par les auteurs et auteure de l’article. 22 points, sur ma qualité d’écran standard, ça donne 28,41 pixels.


On va dire 28 pixels puisque c’est la limite haute et qu’il s’agirait de ne pas la dépasser. 28 pixels, ça fait gros à l’écran...


Avec les activités de Ludociels pour tous, nous avons à coeur les principes d’accessibilité. Nous nous intéressons principalement, à l’accessibilité des jeux vidéo aux personnes aveugles. On connaît un peu moins le domaine de la malvoyance, mais c’est tout aussi important.

Ces années passées à travailler dans le domaine du handicap visuel, nous ont amené mes collaborateurs, collaboratrices et moi à être assez sensibles à ces questions d’accessibilité.

D’autant plus que les ajustements d’accessibilité sont en général profitables pour le grand public. Dans l’article dont je parle, « Make it big », on ne parle pas, de non voyants ou de mal voyantes, mais de personnes issues du grand public, considérées sans handicap visuel.


Quelles peuvent être les besoins pour des personnes vieillissantes, avec la vue sérieusement déclinante ? Je pense aux personnes qui doivent faire leurs dernières années de travail avant d’espérer, peut-être, pouvoir bénéficier d’une retraite. Si ces personnes ne sont plus en mesure de travailler parce que leur vision est trop faible, c’est lamentable. Pas elles, mais les gens qui ont conçu les outils, sur lesquels les personnes à la vue fatiguée doivent se forcer et s’esquinter ce qui leur reste de vision sur des caractères devenant trop petits.


Je parlais dans le podcast précédent de l’inconfort à la lecture. Si on considère des personnes à la vue fatiguée qui se retrouvent contraintes par leur travail à devoir utiliser des outils imposés, sans alternative, avec une taille de texte illisible… c’est juste immonde.


En temps que gentil UX designer, j’arrive donc souvent dans des équipes avec en première recommandation classique, la demande d’augmenter drastiquement la taille de texte.


Sur un contrat, j’ai visé directement la taille idéale préconisée par l’article : 22 points. L’équipe de développeurs était constituée de jeunes gens à la vue très bonne. Plusieurs portaient des lunettes, mais la correction apportée faisait qu’il n’y avait pas de problème, ces jeunes yeux peuvent discrimer, sans problème, la finesse de très petits caractères.


Mes recommandations d’augmentation de taille de texte semblent en général, dans ce type de jeune équipe, aberrantes. Et là, il y a un problème encore plus étrange : en général, il existe une multitude de sites qui permettent de montrer les bonnes pratiques… Mais la plupart des sites existants ne vont pas dans le sens des recommandations de l’article « Make It Big ».

Autrement dit, les usages actuels sont en retard sur cette recommandation scientifique.

Et c’est d’autant plus difficile de faire levier pour convaincre.


J’ai changé d’approche, il y a peu avec mes histoires de taille de texte. Vous connaissez peut-être le phénomène du pied dans la porte. Vous arrivez avec une proposition aberrante, qu’on vous refuse et vous arrivez en seconde proposition avec la véritable offre que vous comptiez faire depuis le début.

Je suis arrivé pour un contrat avec une exigence de 34 pixels. C’est énorme. Ça a provoqué beaucoup de commentaires. Il a fallu que de nombreux autres aspects de l’interface balancent la surprise causée par la taille de texte, qui semble de toute façon toujours trop gros.

Sauf que là, avec 34 pixels, je peux faire signe de lâcher du lest et arriver sur la bonne valeur. J’ai fait un mockup de taille 29 pixels, que je vais pouvoir rétrograder à 28 en semblant conciliant.

Rien ne m’indique que la taille 28 sera effectivement conservée au bout de ce projet, mais il me semble que la négociation est plus à mon avantage. Je pars sur quelque chose de trop gros et propose de baisser progressivement. C’est un peu risqué comme approche, amené maladroitement, je pense qu’on risque de prendre la porte. Mais j’ai voulu tenter et le processus de négociation est bien plus intéressant et soutenable dans le temps, si on parvient à faire passer le premier choc à ses collaborateurs et collaboratrices. Et puis, s’ils ou elles demandent des articles en références… Rappelez-vous que les gens n’aiment pas lire...


Voilà, merci d'avoir écouté ce podcast, je vous invite à vous abonner pour ne pas rater les prochains épisodes. Si vous voulez en savoir plus sur moi, je vous invite à consulter mon profil LinkedIn.

Si vous êtes dans un travail de rédaction de mémoire pour vos études et que vous rencontrez des difficultés, par exemple, à organiser votre travail de recherche, à structurer vos idées ou encore à obtenir des consignes et des retours clairs de la part de votre encadrant ou encadrante, je peux vous aider.

Visitez notre site internet Ludocielspourtous.org à la section Nos services. Au plaisir!


Transcription et édition du podcast : Stéphanie Akré

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